La pianiste (Haneke)

Comme dans la plupart de ses films, Haneke ne fait pas dans la demi-mesure ! Politiquement très incorrect, la pianiste vacille entre psychologie malsaine et désir passionnel de deux personnes liées par la musique classique. Perturbant et très novateur, le film s'annonce décidément très traumatisant pour le spectateur: Et effectivement, par son intimité féroce avec le public, les plans soignés et la tension constante ainsi que le profil du personnage principal joué par Isabelle Hupert (qui n'en ai pas à son premier film "osé"), le réalisateur prend un malin plaisir à surprendre et à suspendre l'attention. Un Hitchcock sensuel ou une adaptation de Bataille, le sujet n'est pas moins polysémique: Jouant sur une double identité (sexuelle ?), le personnage de la pianiste, Erika, trouble, dérange et fascine ! Sur un fond musical et une autorité sans limite (qui frôle le sadisme), Haneke fait vivre ses personnages de manière légitime: Elevée par une mère possessive, la pianiste pourrait s'identifier au personnage de Carrie ,film de Brian de Palma, parue 25 ans plus tôt.

Après un tour de force avec son Funny Games (1997) où la violence a fait écho dans de nombreuses critiques, c'est à la violence sexuelle et à sa perversion que le réalisateur s'engage pour y dénoncer l'idolâtrie.
Le film dresse ici le portrait froid d'une femme névrosée et de la passion abyssale qu'elle connaitra avec un de ses élèves. D'une main signée Haneke qui substitut au cinéma un jeu de réalisme dérangeant, c'est avec un grand coup de fouet que l'on reçoit ces images aussi surprenante les unes que les autres...